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Pat Noser – Natures mortes monochromes – Exposition du 12 octobre au 9 novembre 2008
Tout maître peut accomplir ce qu’il veut et veut en même temps ce qu’il peut accomplir. Pat Noser veut avant tout peindre. Point d’intentions, ni de celles relevant de la morale, ni de celles visant l’âme ou l’esprit. Sa peinture est d’abord fin en soi, expression d’un divin égoïsme. Forte d’une longue pratique, elle crée de main de maître un univers pictural d’une grande diversité, dans lequel elle montre, tel qu’il est, le monde du dehors et du dedans: éros et thanatos, boue, vers, chairs, beauté, paysages de carte postale, natures mortes de salon, surnaturel, tout cela peint avec le même désir de formes et de couleurs, avec la même ardeur obsessionnelle. La peinture en tant qu’érotisme pur, que spectacle pénétrant. Tout un chacun doit ici pouvoir comprendre de quoi il s’agit, pas seulement les experts. Pour Noser, nul besoin d’annoncer la renaissance de la figuration; cette dernière, elle la pratique depuis toujours avec diverses nuances stylistiques allant du réalisme photographique à la restitution expressive, sans se justifier, parce que le figuratif, en tant que récit en dessin et en peinture, est pour elle, depuis l’enfance, un phénomène naturel, précis, exempt de l’arbitraire ou des typifications de l’abstraction. Cette exposition présente le fruit d’un nouveau cycle créateur, lors duquel l’artiste a produit une série de tableaux monochromes de grand format, prenant pour thèmes divers aspects de notre environnement visible, mais aussi certaines manifestations dramatiques de la comédie humaine. A la différence du petit format, où le détail règne, le grand format permet de donner libre cours au geste, même si la composition reste soumise aux contraintes du cadre. Il s’agit là d’un des domaines de prédilection de Noser. L’utilisation de grands formats est la première mesure prise par l’artiste pour légitimer son parti de peindre des natures mortes à notre époque. La seconde réside dans leur exécution essentiellement monochrome. Cela confère à l’entreprise une distance critique par rapport à la charge dont l’histoire de l’art a affecté le genre. Cela n’a cependant pas suffi à l’artiste et à la radicalité de sa vision du monde. Ainsi, alors que nombre d’emblèmes de l’histoire de l’art – livres, poissons, vin, chandelles et autres symboles de vanité – sont impudemment représentés, l’artiste y mêle avec désinvolture des produits de consommation de notre temps, shampooing, bière, cigarettes. Si le rouge monochrome n’est pas sans évoquer le baroque, c’est plutôt la surabondance absurde du capitalisme tardif que reflètent en général les œuvres de Noser. Par opposition à la peinture d’Albrecht Schnyder, vide parce que «ce qui est encore possible» («Das noch Mögliche», catalogue de l’Aargauer Kunsthaus, 2006) ne permet pas plus, c’est ici, avec un respect comparable de l’histoire de l’art et des exigences du métier, une peinture contemporaine «pleine» que propose l’artiste, avec une tendre ironie pour la frivolité de notre époque. Comme le dit Pat Noser elle-même: «Les images qui suscitent une ambivalence affective ou possèdent un pouvoir contraphobique sont au cœur de mon travail. L’abyssal m’intéresse plus que le beau, le sublime, ce qui entre inévitablement en contradiction avec la virtuosité de l’exécution picturale et renforce ainsi l’aspect ambivalent des choses.» («Malerei 2008 Uebersicht») Beat Selz, mai 2008 (traduction: Léo Biétry) Le Quotidien Jurassien, mercredi 29 octobre 2008 Peintures - les natures mortes de Pat Noser actuellement éxposées à la Galerie Selz, à Perrefitte Une peinture remarquable, de virtuosité, jubilatoire et néanmoins critique Bienvenue dans le monde de la consommation effrénée, dans l’expression baroque frisant le kitch, et bienvenue surtout dans un univers pictural remarquable, qui trouble par ses thèmes mais force le respect par sa maîtrise. Avec une trentaine de natures mortes monochromes, Pat Noser transforme la belle et sobre Galerie Selz – art contemporain, à Perrefitte, en un lieu éclatant, dominé par de sonores gammes de rouge et de verts obligeant presque à cligner de l’œil. Un salutaire agacement rétinien à éprouver jusqu’au 9 novembre. Des bouteilles en plastique, des choux de Bruxelles sous emballage cellophane, des boîtes à œufs, un caddie plein à ras bord : les thèmes abordés par Pat Noser relèvent d’une affligeante banalité, mais l’artiste biennoise n’est pas du genre à chercher refuge dans le sujet plaisant. Elle a bien peint il y a quelques années des forêts aux lumières douces, des paysages, mais à côté de ces paisibles vues, elle a raconté la guerre et ses horreurs avec la précision du photographe et a même choisi de peindre minutieusement des vers de terre roses et luisants, enchevêtrements de lombrics plus vrais que nature, Répugnant ? Sans doute, mais quelle tentation pour une artiste éprise d’images suscitant « l’ambivalence affective » et qui se dit plus intéressée par l’abyssal que par le beau et le sublime, Avec ses natures mortes à caractère domestique, elle poursuit dans cette voie et parvient à rendre avenante la trivialité , à la parer d’une beauté factice aux accents faussement merveilleux. Représentation fidèle jusqu’à l’illusion Pat Noser est née en 1960 à Aarau. Après l’obtention d’une maturité, elle a suivi durant quatre ans les cours de l’Ecole des arts appliqués de Zurich et a siégé de 201 à 2006 au sein de la Commission des beaux-arts de la ville de Bienne, où elle réside. Depuis 1989, elle a présenté des expositions personnelles à Aarau, Berne, Zürich et Bienne, tout en prenant part à de nombreuses présentations collectives dans plusieurs villes du pays. Elle expose pour la première fois dans le Jura. Les œuvres présentées à la galerie Selz ont été créées en 2007 et cette année ; toutes sont des natures mortes peintes à l’huile. Le terme apparaît au XVIII siècle pour qualifier des arrangements peints de fleurs, d’objets usuels, de victuailles souvent alléchants ou agréables au regard, qui tirent leur origine de mosaïques de fla Grèce antique. Des traditionnels objets inhérents au genre, Pat Noser n’a conservé que quelques vases et bouquets de fleurs, un lièvre écorché et trois poissons perdus au bas d’une grande toile. Pour le reste, elle est allée faire ses courses à la Migros ou à Carrefour, comme tout le monde, marquant une nette prédilection pour les rayons des légumes et des produits de nettoyage. En somme, une réactualisation de la nature morte, qui marie traditionnellement une représentation fidèle jusqu’à l’illusion du sujet et une dimension symbolique, voire spirituelle ou morale, comme dans les « vanités », mettant en scène des crânes humains. Une peinture jubilatoire Mais, d’ordinaire discrètes et intimistes, les natures mortes prennent sous le pinceau de l’artiste biennoise une apparence presque tonitruante : fracas rouges par-ci, verts claironnants par-là, aucun répit pour l’œil, qui dans les grandes compositions bute contre une multitude d’objets plus banals les uns que les autres, enlevés avec fougue ou véritablement léchés et proches de l’hyperréalisme. Canettes de bière, bouteilles de shampooing, de produits de vaisselle, cigarettes, tube de concentré de tomate, barquette de viande, fr4uits et légumes dominés par des bouquets de fleurs et des bougies scintillantes forment d’étranges compositions assimilables à autant de clichés instantanés et symboliques de la société de consommation. Pat Noser se défend pourtant de toute intention symbolique, mais quel que soit son dessein, ses œuvres monochromes semblent se distancer du sujet par leur froide précision, par la surabondance presque irréelle des objets entassés dans les grandes toiles, et l’ensemble se perçoit comme une critique non dénuée d’ironie de la société de consommation, La représentation de bouteilles en plastique aux reflets irisés, de boîtes en alu, de légumes sous cellophane est si parfaite que paradoxalement, tout devient factice, grinçant, et la monochromie renforce ce sentiment. L’artiste biennoise recourt à un langage pictural riche et varié, qui passe de la représentation minutieuse d’une coupe de fraises au rendu photoréaliste, à un traitement à l’emporte-pièce d’un emballage d’œufs, qui enlevé en quelques solides coups de brosse ne perd rien de sa réalité. Cette remarquable virtuosité permet précisément à Pat Noser d’établir une distance ambiguë entre l’œuvre et son sujet, mais en même temps, elle dénote une véritable joie de peindre, une jubilation communicative, Pas étonnant qu’au nombre de ses admirateurs, l’artiste compte de nombreux collègues peintres. Jean-Pierre Girod Le Quotidien Jurassien, vendredi 10 octobre 2008 Region - L’artiste biennoise Pat Noser expose à Perrefitte La galerie Selz – art contemporain, à Perrefitte, présentera jusqu’au 9 novembre un ensemble de peintures récentes de l’artiste biennoise Pat Noser. Le vernissage aura lieu le dimanche 12 octobre à 16h, suivi, à 17h, d’un concert du Duo The Schlagerfertigers. Pat Noser s’exprime par la figuration. Elle peint des forêts, regardé de près luire des lombrics, et consacré une suite de toiles à la guerre, avec chars, fusils, incendies, terrains dévastés. Sous le titre de Natures mortes monochromes, elle revient à des thèmes moins belliqueux, mais critiques aussi, en prenant pour thème le panier de la ménagère, les produits de consommation, qu’elle ordonne selon la tradition des natures mortes, sans craindre les effets kitch. Elle épingle ainsi la société de surabondance. Première exposition dans le Jura Née en 1960 à Aarau, Pat Noser a obtenu sa maturité en 1980 avant de suivre les cours de l’Ecole des arts appliqués de Zürich. Elle a siégé de 2001 à 2006 au sein de la Commission des beaux-arts de la ville de Bienne. A partir de 1989, elle a présenté des expositions personnelles à Aarau, Zürich, Berne et Bienne. En outre, elle a pris part à de nombreuses expositions collectives en différentes villes du pays. Pat Noser présente pour la première fois dans le Jura bernois. On visitera l’exposition les samedis et dimanche de 14h à 18h, ou sur demande 079 779 56 27. Le site de la galerie (www.selz.ch) donne un aperçu de l’exposition et une présentation de l’artiste. gi Bieler Tagblatt - Kultur – 10.10.2008 Keine Penisse – Peperoncini und Tuben Die Bielerin Pat Noser ist mit einer Serie von gemalten Penissen aufgefallen; zuvor hatte sie sich rohem Fleisch zugewandt. Jetzt sind es Stilleben, Es geht ihr generell nicht um die reine Provokation. Das barocke Stilleben ist ein vielseitiger Bedeutungsträger. Man zeigt, was man hat und dankt da damit Gott. Für den Künstler ist das Stilleben vor allem ein Experimentierfeld für Komposition. Die Bieler Künstlerin Pat Noser geht einerseits genau so an das Thema, andererseits macht sie aus dem Stilleben einen Bildtypus, in welchem sich weiter vereinen. Wenn Flaschen aufgereiht werden, ähnelt dies einem Vielfigurenbild, aus Putzmitteln mit der „Strickete“ wird eine Landschaft und die Peperoncini liegen da, als seien es Akte. Das Stilleben ist für Noser ein Vehikel, mit dem sie inhaltlich gross fährt. Begonnen hat die Serie mit den roten und grünen Monochromen Stilleben mit dem Einlauf im Bieler Carrefour. Noser besorgte sich Dinge des täglichen Bebrauchs, die sie auch wirklich benutzen wird. Das Bild gibt somit indirekt Einblicke in ein Leben. Nur bleibt die Sache so einfach nicht: Zu einem Bund welker Radieschen gesellt sich eine Rose und eine Pistole. Und dort liegt ein gehäuteter Hase zwischen rosa Dingen, die kitschig und bedeutungsschwanger aufscheinen. Und im Rosenherz steht der grüne Frosch. Viele Bilder haben den Hintergrund, der unverfroren auf die menschlichen Zwiespälte hinweist. Wenn da Fleisch hängt, kann sich der Betrachter einem gewissen Widerwillen nicht entziehen und dennoch läuft ihm das Wasser im Mund zusammen. Dies weist darauf hin, dass die Bilder mit Fleisch symbolisch sind und inhaltlich „Fleisch am Knochen haben“. Noser löst sich aber teilweise von jener Art verkappter Kritik und dem Vorhalten des Spiegels, denn die gemalten Dinge dienen zuerst der Malerei. Das Hauptthema der Künstlerin ist die Malerei. Dem Pinsel entgegenfallen Noser feiert die Kraft von Farbe und Form. Sie stellt zum Beispiel den Gummibärchenlöwen zum Klebbandhalter und versüsst das ganze mit einem Mohrenkopf. „Das Papier gibt malerische Sensationen“, sagt Noser. Auch das Zellophanpapier um den Kohl steht seiner sinnlichen Wirkung wegen im Zentrum eines grünen Bildes. Die Tomatenmarktube wirft attraktive Wellen auf, so wie es damals die gemalten Penisse in Serie taten. „Ich male Dinge, die dem Pinsel entgegenfallen.“ Pia Zeugin |
Pat Noser
Exposition:
octobre - novembre 2008 |