Textes
Texte de salle - exposition 6 - 27 octobre 2013
Les conventions du tableau ont été abandonnées au profit de déclarations d'indépendance sur des morceaux d’étoffe et des papiers flottants, que l’on peut voir comme autant d’étendards de l’autodétermination artistique. La réalité ne saurait être figée en un point d’arrivée. «Ce qui m’intéresse, ce sont les possibilités haptiques de la peinture – la manière dont elle coule et s’arrête. En pliant, tournant et retournant le support, en laissant la peinture tomber goutte à goutte, en superposant des couches puis en les délavant, on obtient des images qui semblent parfois avoir été déterrées et qui se détachent doucement du mur.» Cela est lié à la découverte de la «fluidité des pratiques fondatrices de culture»1, où performance et performativité relativisent toute centration sur une quelconque forme de représentation. Dans sa lecture du discours sur l’art et la recherche artistique, Karin Aeschlimann a intuitivement assimilé des éléments essentiels – comme cela correspond à la vocation d’une production artistique authentique, qui ne se laisse pas réduire, par le « marché », à des visées communicationnelles et commerciales. Parmi ces éléments figurent une certaine disposition à «désherméneutiser l’esprit et le sens», ainsi que «la dimension épistémologique de la picturalité»1. «L’œil de l’esprit n’est pas aveugle.»1 Pour l’architecture de ses œuvres, l’artiste trouve son inspiration dans le rythme et la sonorité des poèmes de Hölderlin: «Mit gelben Birnen hänget – Und voll mit wilden Rosen – Das Land in den See – Ihr holden Schwäne – Und trunken von Küssen – Tunkt ihr das Haupt – Ins heilignüchterne Wasser> – <Weh mir, wo nehm ich, wenn – Es Winter ist, die Blumen, und wo – Den Sonnenschein – Und Schatten der Erde? – Die Mauern stehn – Sprachlos und kalt, im Winde – Klirren die Fahnen» L’art de Karin Aeschlimann montre que l’on peut s’approprier le monde hors des normes et des codes, mus par le plaisir que nous procurent le monde, les champignons ou les arbres, que l’on peut apprendre à se construire à partir de son être intérieur, de sa nécessité, de ce qu’il doit accomplir, pour sortir de la logique de l’argent et retrouver la fraîcheur de l’esprit et de l’âme, le côté généreux de l’Homme, les utopies sociales. Beat Selz (traduction française : Léo Biétry) 1 Krämer Sybille, Bredekamp Horst: «Bild – Schrift – Zahl», Wilhelm Fink Verlag, 2003 Karin Aeschlimann Je recherche des formes de (forme et dissolution). Ce qui m’intéresse, ce sont les possibilités haptiques de la peinture – la manière dont elle coule et se fige. En pliant, tournant et retournant le support, en laissant la peinture tomber goutte à goutte, en superposant des couches puis en les délavant, on obtient des images qui semblent parfois avoir été déterrées et qui se détachent doucement du mur. Je travaille de préférence avec de la gouache, de l’acrylique et de l’encre sur de grands morceaux de toile et diverses sortes de papier. Dans mes aquarelles, je tente de créer une architecture picturale qui s’approche de la relation paradoxale et de la simultanéité entre forme et dissolution. Je suis fascinée par les formes d’organisation que présentent les poèmes de Hölderlin. Ceux-ci constituent pour moi une importante source d’inspiration. Juin 2013 (traduction française: Léo Biétry) |
Karin Aeschlimann
Exposition:
octobre 2013 |